viernes, 22 de julio de 2011

LE MONDE: "UN PARI RISQUÉ OU LE DÉBUT DE LA SAGESSE?"

Un pari risqué ou le début de la sagesse ?

LEMONDE | 22.07.11 | 12h36

C'est une tradition bien établie dans l'histoire de la construction européenne : chaque accord à l'arraché, après des heures de négociations nocturnes, est, dans les brumes de l'aube naissante, salué comme une victoire. Quitte à déchanter quelques semaines ou quelques mois plus tard, le temps accomplissant son office : l'épreuve de la réalité.

Et comment ne pas se féliciter, en effet, ce vendredi 22 juillet ? Dans la nuit de jeudi à vendredi, les dix-sept membres de l'union monétaire européenne sont arrivés à un accord. Ils vont "sauver" la Grèce une seconde fois. Un premier plan de 110 milliards d'euros, il y a un an, n'ayant pas suffi, ils se sont entendus sur un second, de 158 milliards.

La Grèce échappe à la banqueroute. Elle va pouvoir continuer à payer ses dettes colossales. C'est un premier résultat. Le courageux premier ministre socialiste grec, Georges Papandréou, l'a salué : "L'accord garantit les besoins de financement du pays jusqu'en 2020."

Les dix-sept espèrent arrêter net la contagion de la crise à d'autres pays de la zone euro. Ils ont musclé, pour ce faire, le dispositif de solidarité financière qui, de crise en crise, et contrairement à la lettre des traités, se met en place. Ce fut le résultat d'un jeu de concessions compliqué.

La France souhaitait ce début de mutualisation des risques sans laquelle une zone monétaire ne peut fonctionner. Nicolas Sarkozy marque des points. Paris obtient une refonte substantielle de la Facilité européenne de stabilité financière (FESF). Ce qui se met en place, c'est une sorte de Fonds monétaire européen.

Il pourra agir de manière préventive, sans attendre qu'un pays soit au bord de l'abîme. Il servira des prêts à des taux à peine supérieurs à ceux des marchés. Il pourra soulager la Banque centrale européenne (BCE) en rachetant à son tour les bons du trésor d'un pays en difficulté. Autant d'armes contre la spéculation - c'est une bonne chose.

Mais l'accord de jeudi porte d'abord la marque de la super-puissance européenne : l'Allemagne. Angela Merkel a imposé ce dont ne voulaient, au départ, ni Paris ni la BCE : la participation du secteur privé au refinancement d'Athènes.

En clair, les porteurs de créances publiques grecques - banques et compagnies d'assurances - abandonnent une partie de celles-ci (à hauteur de 37 milliards d'euros). La dette d'Athènes est diminuée d'autant. C'est là un grand risque : celui d'assumer ce qu'il faut bien appeler un défaut partiel, même temporaire, de la Grèce sur sa dette.

Parce qu'il en redoute les conséquences, le patron de la BCE, Jean-Claude Trichet, a obtenu des garanties pour que cette "première" dans l'histoire de l'euro soit aussi une "dernière". On verra vite comment réagissent les marchés et leurs petits chiens de garde, les agences de notation. Mais il y a là un pari, un saut dans l'inconnu. Peut-être est-ce le prix à payer afin que s'organise cette gouvernance commune que réclame la zone euro pour fonctionner autrement que par une succession de crises.

Article paru dans l'édition du 23.07.11

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