domingo, 5 de junio de 2011

MARINE LE PEN, A LA CABEZA (AHORA)

2012 : un sondage alimente les craintes d'un nouveau 21 avril

Le sondage publié hier dans « Le Parisien », qui place Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, remet en question la stratégie déployée par Nicolas Sarkozy en direction de l'électorat d'extrême-droite.

ECRIT PAR
Jean-Francois POLO
Jean-Francois POLO
Grand reporter
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A droite comme à gauche, on craignait de voir Marine Le Pen venir se glisser un jour au deuxième rang dans une enquête sur les intentions de vote à la présidentielle de 2012. Mais c'est un véritable coup de tonnerre qu'a déclenché le sondage Harris Interactive publié hier par « Le Parisien », en classant la présidente du Front national à la première place. Elle y est créditée de 23 % des intentions de vote au premier tour, devançant tant Nicolas Sarkozy que Martine Aubry, tous deux en deuxième position avec 21% des voix. L'enquête ne prend pas en considération l'éventualité d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn. Mais le responsable de Harris Interactive Jean-Daniel Levy a annoncé hier soir avoir déjà lancé une autre enquête testant François Hollande et Dominique Strauss-Kahn comme candidats du PS qui sera « publiée mardi ».

Marine Le Pen s'est d'abord gardée de tout triomphalisme, en estimant que ce résultat devait être interprété comme un « encouragement à continuer à travailler » et une manifestation de « l'envie des Français de se donner un véritable choix au second tour ». Pour autant, la nouvelle donne ne peut que jouer en la faveur de la patronne du FN, qui a vite adopté un ton plus conquérant. « Je pars pour gagner, je ne pars pas pour faire de la figuration ni pour témoigner », a-t-elle ensuite affirmé hier sur i-Télé.

Dans l'immédiat, la publication de ce sondage fragilise la position de Nicolas Sarkozy alors que le débat sur l'islam et la laïcité qu'il souhaitait lancer était déjà contesté jusque dans les rangs de sa majorité. A gauche, les dirigeants du PS ont d'ailleurs été unanimes pour accuser le chef de l'Etat d'être le principal responsable de la montée en puissance de la candidate du Front national, par ses récentes prises de position sécuritaires supposées lui attirer les faveurs de l'électorat d'extrême droite. Alors que Benoît Hamon, le porte-parole du Parti socialiste, l'a accusé d'avoir « propagé l'incendie », Martine Aubry a stigmatisé ses déclarations sur les conséquences des bouleversements politiques dans le monde arabe.«Il avait commencé avec l'identité nationale et les Roms, maintenant ce sont les immigrés. Au lieu de se réjouir quand les peuples tunisien et égyptien se lèvent pour la démocratie, il fait peur aux Français comme si cela allait entraîner des hordes d'immigrés », a lancé la présidente du PS, selon laquelle « Tout ça n'a aucun sens, c'est une stratégie pour masquer ses turpitudes et ses échecs ». Au Modem, François Bayrou, crédité de 8 % dans le sondage, a attribué le score de Marine Le Pen à un « climat malsain » et estimé qu'il met en évidence « un effondrement des deux forces dominantes, UMP et PS ».

« Ni queue ni tête »

Seul, dans l'opposition, Jack Lang a fait entendre une voix discordante en affirmant que « Ce sondage n'a ni queue ni tête ». Selon lui, « A quatorze mois des présidentielles, il est malhonnête de se livrer à ce type d'investigations. C'est une manipulation de l'opinion à des fins mercantiles ». Une analyse qui trouve un écho de la part de ceux qui, dans la majorité, dénoncent les conditions de réalisation de l'enquête, à l'instar de Nadine Morano. « On se demande pourquoi DSK ne figure pas parmi ceux qui sont analysés dans le sondage », a ainsi relevé sur RTL la ministre de l'Apprentissage.

De son côté, Jean-François Copé, le patron de l'UMP, a cherché à relativiser l'impact politique de l'événement. « Dans mon esprit, il y a une règle ,c'est de ne pas commencer à s'affoler quand un sondage n'est pas aussi satisfaisant qu'on pourrait le souhaiter et de ne pas non plus devenir euphorique quand un sondage deviendrait bon », a-t-il expliqué hier sur Radio-J, en appelant son camp à « garder son sang-froid » et en récusant toute alliance entre l'UMP et le FN. Il s'en est pris aux « leçons de morale » de Martine Aubry et a laissé entendre que l' élection de celle-ci à la tête du PS n'était « plus légitime », après la divulgation du rapport Montebourg sur la fédération des Bouches-du-Rhône.

Laurent Wauquiez a estimé quant à lui que le sondage constitue « un avertissement pour toute la classe politique ». Selon le ministre des Affaires européennes, il exprime avant tout l'inquiétude des classes moyennes. « Là où Marine Le Pen mord ce sont les classes moyennes. Il faut qu'on en tire des leçons opérationnelles, notre action doit être centrée sur elles », a-t-il déclaré.

JEAN-FRANÇOIS POLO

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