viernes, 8 de abril de 2011

EL BCE ELEVA TASA DE INTERÉS

Editorial du "Monde"

Euro : Jean-Claude Trichet ou l'art de l'anesthésie

LEMONDE | 08.04.11 | 13h39 • Mis à jour le 08.04.11 | 13h39

Le plus remarquable dans le resserrement de la politique monétaire européenne, annoncé jeudi 7 avril à Francfort, c'est... l'absence de réactions qu'il suscite. Pour la première fois depuis 2008, la Banque centrale européenne (BCE) rompt avec une politique de taux d'intérêt historiquement bas. Elle relève son taux directeur (le taux auquel elle prête aux banques) de 25 points de base, le faisant passer de 1 % à 1,25 %.

En somme, elle signale, à sa manière, qu'elle en a fini avec la politique de crédit facile mise en place au début de la crise financière, en septembre 2008. Il s'agissait d'abord d'éviter une crise de liquidités, puis de faciliter et accompagner le redémarrage de l'activité économique. En d'autres temps, la décision annoncée par Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, aurait provoqué un flot de critiques. Responsables politiques et milieux économiques s'entendent volontiers pour dénoncer tout renchérissement du crédit. Pas cette fois-ci. Au sein de l'Eurozone, pas l'ombre d'un tollé. Comme si personne ne trouvait à y redire.

C'est sans doute dû à la maestria avec laquelle le patron de la BCE a préparé le terrain - et les esprits -, laissant entendre à l'avance, il y a deux mois déjà, qu'une telle décision était envisageable, en confirmant la possibilité un mois plus tard, avant de l'annoncer jeudi. Tout au long de ces trois années de crise, M. Trichet, par son comportement et ses choix, a gagné le respect de la plupart des dirigeants européens. Ils lui font confiance.

Le patron de la BCE observe que la reprise est là, même si elle est très inégalement répartie dans les dix-sept pays membres de l'union monétaire. Elle s'accompagne d'un peu d'inflation : 2,6 % dans la zone en mars, alors que la BCE se fixe un plafond de 2 %. La mission première de l'institution de Francfort est de garantir la stabilité des prix. Il fallait donc monter un peu les taux. Simple et sans surprise, comme l'arrivée du printemps !

Mais risqué, aussi. D'une part, le crédit plus cher va peser sur les grands malades de l'Eurozone : ces pays dits périphériques - Grèce, Irlande, Portugal - qui peinent déjà à rembourser des montagnes de dettes publiques et à retrouver un zeste de croissance. La crise de l'euro est toujours là, comme le rappelle la nécessité de venir, ces jours-ci, à l'aide du Portugal.

En ce sens, la décision de la BCE - peut-être justifiée pour les grands pays de la zone, sans doute beaucoup moins à sa périphérie - illustre, s'il en était besoin, toute la difficulté d'appliquer une politique monétaire commune à un ensemble économique aussi disparate.

Il y a plus. La BCE a agi avant sa consoeur américaine, la Réserve fédérale (Fed). Celle-ci n'entend aucunement abandonner une politique monétaire de soutien à l'activité, qui fait peu de cas de l'inflation.

Déjà haut, l'euro risque de monter encore, alors que la reprise n'est toujours que balbutiante. M. Trichet n'ignore pas le danger. Il a tenu à dissiper l'impression que cette première hausse des taux en annonçait mécaniquement d'autres. Il a bien fait.

Article paru dans l'édition du 09.04.11

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