martes, 19 de abril de 2011

LE MONDE: "L'EURO FORT EST DE RETOUR"

L'euro est fort, l'Europe monétaire est fragile

LEMONDE | 18.04.11 | 14h44 • Mis à jour le 18.04.11 | 14h44

L'euro fort est de retour. Donnée pour moribonde depuis plus d'un an, la monnaie unique tient, là, une forme de revanche. Certes, sa vigueur est de nature à handicaper les exportations d'un Vieux Continent en manque de compétitivité. Mais elle a aussi l'avantage d'atténuer l'envolée des prix du pétrole et de permettre aux autorités monétaires de temporiser avant de resserrer davantage le loyer de l'argent.

Le débat entre partisans et adversaires d'un euro fort n'est pas nouveau. Ce qui l'est davantage, c'est le contexte dans lequel survient ce mouvement d'appréciation : la zone euro n'est toujours pas au mieux de sa forme, plus d'un an après le déclenchement de la crise des dettes souveraines, qui ébranle sa cohésion comme jamais.

La force de l'euro donne raison à ceux qui, à l'instar de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, clament depuis des mois que ce n'est pas l'Union monétaire qui a un problème, mais seulement certains des pays qui la composent. De ce point de vue, le renchérissement de la monnaie unique démontre que les investisseurs sur les marchés de change ne parient plus sur sa disparition. Par comparaison avec les Etats-Unis, la zone euro dispose même de "fondamentaux" plus sains, après avoir pris plus tôt le tournant de la rigueur.

La vigueur retrouvée de l'euro ne doit cependant pas cacher que l'Union monétaire reste en situation de grande faiblesse. Tandis que les négociations visant à placer le Portugal sous assistance doivent s'accélérer cette semaine, les plans d'aide à la Grèce et à l'Irlande n'ont pas pleinement convaincu. Les spéculations vont bon train sur la restructuration de la dette grecque, tant il paraît difficile de voir le pays éviter l'étouffement sans demander à ses créanciers de renoncer à une partie de leur mise. L'Irlande a, quant à elle, bien du mal à restructurer comme il le faudrait un secteur bancaire surdimensionné, à l'origine de son naufrage.

Au-delà de ces trois pays sous assistance, l'Union monétaire est désormais un ensemble considéré comme fragile. La crise de l'euro a mis à mal sa légitimité, même dans des pays comme la Finlande, où la reprise est forte : le parti eurosceptique des Vrais Finlandais vient d'enregistrer un succès électoral inédit. Ce résultat pourrait compliquer les négociations engagées pour muscler les instruments de sauvetage mis en place au sein de la zone euro.

Le Fonds monétaire international s'est de surcroît inquiété, la semaine dernière, de la santé du secteur bancaire européen. Les tests de résistance en cours de réalisation offrent une bonne occasion d'évaluer la solidité des instituts financiers. Encore faut-il qu'ils soient menés avec rigueur.

Enfin, le fossé entre les pays les plus compétitifs, comme l'Allemagne, et les économies périphériques comme le Portugal, la Grèce ou l'Irlande, s'est creusé au fil de la crise. Il risque de s'élargir encore avec la hausse de l'euro si celle-ci devait se prolonger, faute d'action collective pour la modérer.


Article paru dans l'édition du 19.04.11

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