miércoles, 27 de abril de 2011

WILLIAM & CATHERINE

Editorial du "Monde"

La monarchie britannique doit se réinventer

LEMONDE | 25.04.11 | 13h36 • Mis à jour le 25.04.11 | 13h36

Quand le prince William épousera, le 29 avril, Catherine Middleton à l'abbaye de Westminster, la monarchie britannique se sera réinventée en adoptant un nouveau membre roturier propre à relancer l'intérêt qu'elle suscite encore. Mais, au-delà des réjouissances accompagnant ce conte de fées princier, une question s'impose : faut-il conserver un système monarchique désuet et à quelles conditions ?

Selon les sondages, 70 % des Britanniques se déclarent indifférents à ces noces. Pourquoi ce manque d'intérêt alors que la popularité de la reine Elizabeth II est au zénith et celle du mouvement républicain au plus bas ?

Les efforts de modernisation lancés dans la foulée de la mort tragique de la princesse Diana, le 31 août 1997, n'ont pas totalement porté leurs fruits. Les minorités ethniques et les jeunes en général ne se reconnaissent pas dans cette monarchie, même si elle est plus petite-bourgeoise que noble. Son peu de goût pour la méritocratie choque. Les institutions qui lui sont associées - l'aristocratie, l'armée, l'Eglise anglicane, le pouvoir central - ont perdu de leur influence. Les médias ont eu raison de la déférence qu'elle inspirait.

Les sujets de Sa Majesté sont aujourd'hui des citoyens, à l'échelon associatif ou européen. Le Commonwealth, l'ancienne famille d'outre-mer, n'est plus qu'une relique du passé face à l'appel du large, des Etats-Unis, de l'Union européenne ou plus récemment des pays émergents.

Si le royaume a profondément changé depuis l'accession au trône d'Elizabeth II, en 1952, la monarchie sous son égide représente une certaine idée du Royaume-Uni : blanche, protestante, impériale. Alors que le pays est multiculturel, de moins en moins chrétien, le système dynastique incarne toujours l'Angleterre d'"avant", profondément conservatrice, attachée à la hiérarchie, à la division de classes, voire de castes, et aux privilèges de l'aristocratie.

Le pouvoir des Windsor a survécu plus ou moins intact aux coups de boutoir du thatchérisme ou de la troisième voie blairiste grâce à son génie d'adaptation aux circonstances, intérieures comme extérieures. Or, comme l'a fait remarquer l'époux de la reine, le prince Philip en personne, la survie de la monarchie est fondée sur l'approbation de ses sujets. Aux XXe et XXIe siècles, bon nombre de dynasties ont disparu sans laisser de traces, la seule restauration étant l'Espagne. La race des princes n'est pas éternelle.

L'institution doit se réinventer, même si le royaume a connu des monarques ivrognes, débauchés ou dérangés, quand ce n'était pas les trois à la fois, sans que la survie de la royauté soit durablement affectée. C'est là que réside la principale différence avec le système républicain.

C'est pourquoi cette mutation nécessite une réforme de fond des institutions, vers une plus grande démocratisation : Constitution écrite, séparation de l'Eglise et de l'Etat, levée des interdits pesant sur la minorité catholique et élection au suffrage direct de la Chambre des lords, notamment.

Article paru dans l'édition du 26.04.11

No hay comentarios:

Publicar un comentario