jueves, 18 de agosto de 2011

LE MONDE: "AU FOND, QUE FAIT LA FRANCE EN AFGHANISTAN?"

Au fond, que fait la France en Afghanistan ?

Edito du Monde | LEMONDE | 18.08.11 | 15h02 • Mis à jour le 18.08.11 | 17h13

La guerre est-elle une affaire trop sérieuse pour être expliquée aux citoyens ? Dix ans après les attentats du 11-Septembre à New York et la riposte engagée par les Occidentaux, Etats-Unis en tête, contre le sanctuaire afghan d'Al-Qaida, la question se pose, avec insistance. APENAS SE PLANTEA EN ESPAÑA, QUE YO SEPA. Particulièrement en France où l'embarras est général : depuis dix ans, le président décide, le Parlement se tait et le peuple a d'autres soucis.

Seuls quelques épisodes dramatiques de cette guerre lointaine parviennent à rompre, sporadiquement, cette absence de débat. Comme à l'été 2008, lorsque dix soldats français sont tués dans une embuscade tendue par les talibans à l'est de Kaboul. Ou comme, aujourd'hui, pour la triste raison que les pertes françaises s'accélèrent : le 74e militaire français a été tué le 15 août, mais c'est le 11e depuis un mois, le 22e depuis le début de l'année. Brusquement, le contingent français paie un tribut très lourd - plus lourd que celui des autres pays engagés - dans ce conflit.

Pourquoi ? Pour quoi faire ? Dans quel(s) but(s) ? Avec quelle mission ? Les questions sont graves. Elles restent, pour l'essentiel, éludées. Et inévitablement parasitées, hélas !, par des enjeux de politique intérieure.

Les déclarations du président de la République, chef des armées, ne permettent guère d'y répondre. Jusqu'à la fin de 2010, Nicolas Sarkozy affirmait sa détermination à "faire la guerre jusqu'au bout" et "aussi longtemps que nécessaire", pour lutter contre le terrorisme et l'obscurantisme. Le 12 juillet, lors d'une brève visite en Afghanistan, le même assurait qu'"il faut savoir finir une guerre" et annonçait le calendrier d'un retrait progressif des troupes françaises entre 2012 et 2014. Sauf à reconnaître que l'intervention occidentale est inefficace et impuissante, ce changement de cap reste inexpliqué.

Longtemps discrète - y compris parce que l'intervention initiale avait été décidée quand Lionel Jospin était premier ministre et avec son plein accord -, l'opposition semble décidée à donner de la voix. Mais davantage pour accentuer l'embarras du chef de l'Etat, déplorer l'alignement mécanique de ses positions sur celles des Américains (renforcement du contingent en 2008, retrait programmé aujourd'hui), et réclamer un retrait plus rapide. Sur le fond, au-delà du constat de l'impasse actuelle, les socialistes ne font pas, ou peu, de propositions.

Trois questions mériteraient pourtant débat et réponses. La traque d'Oussama BenLaden ayant abouti, l'intervention en Afghanistan reste-t-elle importante, favorise-t-elle la reconstruction d'un pays dévasté par des guerres incessantes, contribue-t-elle à la sécurité internationale ?

Si tels sont bien les buts de cette guerre, est-ce "jouable" ? L'annonce des retraits prochains semble démontrer que non, aux yeux des états-majors. Sans que, cependant, ce changement complet d'évaluation ait été expliqué.

Enfin, comment en sortir, sans laisser, derrière les soldats occidentaux et français, le pays en proie, de nouveau, au chaos ? Sur toutes ces questions, les citoyens sont en droit d'attendre des réponses sérieuses.




Article paru dans l'édition du 19.08.11

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