viernes, 12 de agosto de 2011

UNA PAREJA ASIMÉTRICA, UNA AGENDA MUY NUTRIDA

Sarkozy-Merkel, ou le directoire autoproclamé

Edito du Monde | LEMONDE | 12.08.11 | 13h36 • Mis à jour le 12.08.11 | 14h08

Beaucoup de bons esprits le souhaitent et le soutiennent actuellement : la crise des dettes souveraines va forcer l'Europe à renforcer sa "gouvernance économique". Si l'on ne s'engage pas rapidement dans cette voie, la zone euro risque tout bonnement d'exploser. Nécessité fait loi, en quelque sorte.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont décidés à leur donner raison. Lors du sommet du 21 juillet, ils ont joué un rôle moteur pour faire adopter un plan de défense de la monnaie unique en mutualisant, peu ou prou, les dettes et les risques. Mardi 16 août, le président français et la chancelière allemande vont seretrouver, à l'Elysée, pour préparer de nouvelles avancées dans cette direction.

Sur le principe, ils ont raison. Bien avant que la crise actuelle ne le souligne dangereusement, il était patent que le fonctionnement de la monnaie unique n'était pas satisfaisant. Le concept initial de gouvernance - que chacun gère ses finances en bon père de famille et l'euro sera protégé - a volé en éclats dès 2003, lorsqueJacques Chirac et Gerhard Schröder se sont affranchis du seul garde-fou du système, le pacte de stabilité. Cette désinvolture passée a rendu vaine toute surveillance mutuelle.

Ils entendent aujourd'hui, à l'inverse, donner l'exemple de la rigueur et de la vertu aux quinze autres membres de la zone euro. Très bien. Mais jusqu'où aller, et comment ? Sans relancer l'épuisant débat sur le fédéralisme, la coordination des politiques nationales soulève, en effet, des questions redoutables.

La première est celle de la solidarité financière entre Européens. Jusqu'où les Etats - mais aussi les peuples - sont-ils prêts à aller dans cette direction ? La création d'euro-obligations, par exemple, qui peut apparaître comme une arme efficace contre la spéculation, implique, en contrepartie, la mise sous tutelle des Etats en difficulté, pour éviter à l'avenir de très mauvaises surprises, comme celle de la Grèce.

Pour l'instant, cette tutelle est - mal - exercée par la Commission européenne et le président de l'Eurogroupe. Mais rien ne garantit qu'elle serait exercée avec davantage d'autorité et d'efficacité par un nouveau ministre européen des finances, comme l'a suggéré Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale.

Etroitement liée, la seconde question est celle de la légitimité démocratique de cette tutelle, et des douloureux efforts d'assainissement économique, fiscal et social qu'elle serait amenée à exiger des uns ou des autres. Sinon celle d'un directoire autoproclamé, quelle serait en particulier la légitimité d'un "véritable gouvernement de la zone euro dont la réunion au sommet des Etats doit êtrel'élément central", selon la formule employée par M. Sarkozy dans sa lettre récente aux parlementaires français ? Peut-on tenir à ce point pour négligeable le rôle du Parlement européen, codécideur de la gouvernance économique, selon le traité de Lisbonne ?

Pour progresser, Mme Merkel et M. Sarkozy doivent répondre sur ces trois terrains - solidarité, efficacité, légitimité -, sans en négliger aucun.

Article paru dans l'édition du 13.08.11

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