miércoles, 23 de marzo de 2011

LE MONDE: "LE MANDAT DE L'ONU, NI PLUS NI MOINS"

Le mandat de l'ONU, ni plus ni moins

Les doutes et les critiques se font déjà entendre : une guerre pour le pétrole, une cynique démonstration de force contre un dictateur qui n'est pas pire que d'autres... C'est l'"hubris", nous explique-t-on, qui mènerait l'Occident en Libye contre le colonel Kadhafi.

Plus hexagonale encore, est, à peine formulée, cette insinuation : les armes parleraient au-dessus des sables de la Tripolitaine pour de stricts calculs de politique intérieure ; pour brandir bonne conscience et faire meilleure image à l'aube d'une campagne électorale...

Une guerre, en somme, qui ne charrierait que des appétits de puissance à bon compte, une revanche contre un trublion de la scène internationale, que nous avons longtemps fréquenté, mais dont les accoutrements et les poses provocatrices ont fini par lasser. En résumé, le spectacle serait celui de "l'Occident" dans ses oeuvres les plus basses : attaque sélective contre un autocrate aux petits pieds, assis, qui plus est, sur de conséquentes réserves d'hydrocarbures.

Arrêtons là. Regardons les faits. La Libye représente 2 % des approvisionnements mondiaux de pétrole, 5 % des fournitures des pays de l'OCDE et, s'agissant de la France, 15 % de nos achats de brut. Le butin, s'il y en a un, est tout relatif. L'essentiel est ailleurs. Et il faut le redire.

La campagne de Libye - les frappes aériennes qui s'y déroulent depuis le 19 mars - est la concrétisation d'une doctrine d'intervention humanitaire unanimement adoptée par l'ONU en 2005. Pour la première fois, la "responsabilité de protéger" des populations civiles prises pour cible par un pouvoir prêt à tout est brandie non pas seulement par les habituels "droits-de-l'hommistes", mais par le sommet de la gouvernance mondiale, le Conseil de sécurité des Nations unies.

L'exigence de protéger des vies humaines a été défendue et inscrite dans un texte auquel aucune des grandes puissances n'a mis son veto : la résolution 1973, adoptée le 17 mars. Elle fonde l'action de la coalition internationale en Libye. On peut regretter que cette doctrine n'ait pas été sollicitée ailleurs - au Congo, par exemple. Est-ce une raison pour la caricaturer ?

Le texte est clair : des actions militaires pour protéger des civils. Les premiers résultats sont là, puisque la ville de Benghazi a été épargnée. L'aviation et l'artillerie lourde de Kadhafi sont frappées parce qu'elles menacent des populations qui se sont soulevées pacifiquement, avant de prendre les armes.

Le mandat de l'ONU exclut formellement toute intervention étrangère au sol. Il n'évoque à aucun moment un changement de régime. Il ne dit rien du maintien au pouvoir, ou non, du colonel Kadhafi. La résolution appelle à un cessez-le-feu - un vrai. Le reste, la bataille politique, c'est l'affaire des Libyens.

L'unité, déjà fragile, obtenue à l'ONU est à ce prix. Le mandat international doit être respecté à la lettre, sans extravagances verbales ni appels guerriers au renversement de régime. Le mandat, rien que le mandat, voilà la règle.

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