viernes, 21 de octubre de 2011

LA MUERTE DE GADAFI

La mort de Kadhafi marque la fin de la guerre en Libye

L'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi a été tué, jeudi 20 octobre, quelques heures après la prise de sa ville natale de Syrte et deux mois après la chute de son régime. Les images du corps sanglant et dénudé du colonel Kadhafi, prises à l'aide d'un téléphone portable, ont été diffusées par des télévisions du monde entier.

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Les circonstances de sa mort ne sont pas encore totalement claires. Malgré la violence des images diffusées, des responsables du CNT assurent qu'aucun ordre de tuer Kadhafi n'a été donné et qu'il a péri dans une fusillade. Le premier ministre du CNT, Mahmoud Jibril, affirme que l'ex-dictateur a succombé à une blessure de balle à la tête avant d'être admis dans un hôpital. "Quand il a été retrouvé, il était en bonne santé et portait une arme. Quand le véhicule [qui le conduisait] a démarré, il a été pris dans un échange de tirs entre des combattants pro-Kadhafi et des révolutionnaires, et il a été tué d'une balle dans la tête", a-t-il expliqué, se fondant sur un rapport de médecin légiste.

Une chose est sûre, le convoi "de plusieurs dizaines de véhicules" dans lequel se trouvait Mouammar Kadhafi a été bombardé par les forces de l'OTAN non loin de Syrte. Le ministre de la défense français, Gérard Longuet, a indiqué que l'aviation française avait identifié et "stoppé" la colonnedans laquelle se trouvait Kadhafi, mais précise que les tirs ne l'ont pas détruite. Les tirs français auraient divisé la colonne, et une fraction des véhicules aurait ensuite affronté des hommes du CNT. Les Etats-Unis ont assuré qu'un drone avait également participé à l'opération. La dépouille de Mouammar Kadhafi a été transportée à Misrata, ville martyre des combats qui ont abouti à la chute de son régime.

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Le sort de ses deux fils reste également flou. Le corps de Mouatassim Kadhafi a été retrouvé avec une balle dans la nuque et la main coupée, selon un commandant du CNT à Syrte. Saïf Al-Islam Kadhafi, visé par un mandat d'arrêt international pour crimes contre l'humanité, est toujours introuvable.

L'OTAN SE PRÉPARE À SE DÉSENGAGER

La disparition de Mouammar Kadhafi sonne non seulement le glas des combats sur le sol libyen, mais également celui de l'engagement de l'OTAN."C'est un moment historique, c'est la fin de la tyrannie et de la dictature. Kadhafi a rencontré son destin", a annoncé un porte-parole officiel du Conseil national de transition (CNT). "Sa mort va mettre fin au bain de sang et au martyre de notre jeunesse". Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, devait annoncer dans la soirée de jeudi, ou vendredi au plus tard, la libération totale du pays. Jeudi, un haut responsable militaire du CNT affirmait déjà que la ville de Syrte, dernier bastion de résistance des troupes loyales à l'ancien dictateur, avait été "totalement libérée".

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Les nouvelles autorités libyennes avaient fait de la prise de Syrte, assiégée depuis deux mois, le point de départ du calendrier qui doit établir un nouveau régime démocratique en Libye. C'est désormais chose faite. Pour Gilles Paris, chef du service international au Monde, un des buts du gouvernement de transition, à savoir "préparer les premières élections libres du pays", "va rencontrer des obstacles". "Des tensions sont déjà manifestes au sein du CNT entre politiques et militaires, notamment, explique-t-il. Les multiples annonces de démission du numéro 2 de fait du CNT, Mahmoud Jibril, en attestent".

Quant à l'OTAN, elle a annoncé qu'elle mettra fin à son opération Protecteur unifié, lancée le 31 mars, en accord avec l'ONU et le CNT, ajoutant "que ce moment était devenu proche avec la chute des bastions kadhafistes de Syrte et Bani Walid. (...) La mission de l'OTAN était théoriquement la protection des civils, rappelle Gilles Paris. La fin des combats sur quasiment la totalité du territoire en marque la fin. Cette fin était attendue avec impatience par l'OTAN, qui trouvait que la bataille de Syrte traînait trop en longueur, d'autant que la bataille de rue à laquelle elle donnait lieu limitait considérablement ses moyens d'intervention – l'OTAN n'avait pas de troupe au sol et procédait uniquement à des bombardements".

>>Lire le chat avec Gilles Paris sur l'avenir de la Libye

Un révolutionnaire dans une rue de Sirte ravagée par les combats, le 20 octobre.

Un révolutionnaire dans une rue de Sirte ravagée par les combats, le 20 octobre.AP/Manu Brabo

A l'instar de nombreux pays de la communauté internationale, Nicolas Sarkozy a salué, avec la "disparition" du colonel Mouammar Kadhafi, une "étape majeure" pour la libération de la Libye, estimant qu'une "page nouvelle" s'ouvrait pour le peuple libyen, "celle de la réconciliation dans l'unité et la liberté". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est réjoui de l'annonce de la mort de Kadhafi, y voyant "une transition historique pour la Libye", et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré qu'il s'agit "d'une occasion pour la Libye d'aller de l'avant". Le président vénézuélien Hugo Chavez, soutien sans faille de l'ex- dictateur, a condamné l'"assassinat" de Mouammar Kadhafi, qu'il a qualifié de"martyr".

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